La Cave des Vignerons de Buxy illustre le succès de l’économie sociale et solidaire viticole


Le monde coopératif viticole bourguignon, que l’on retrouve aussi en Franche-Comté  avec les fruitières, se porte plutôt  bien et joue collaboratif.
En témoignent cette union de 23 caves qui composent la Fédération des Caves Coopératives Bourgogne Jura (FCCBJ).
L’entraide, la mise en commun de l’outil de production, le respect d’un même cahier des charges, une force commerciale partagée pour séduire la grande distribution et conquérir les marchés étrangers, en font de redoutables opérateurs au sein de leur filière.
Illustration pour les vins de la Côte Chalonnaise avec la Cave des Vignerons de Buxy.

La cave coopérative viticole investit jusqu’à 6 millions d’€ dans son outil de production tous les cinq ans.

Ils étaient douze hommes à se lancer dans l’aventure de la création d’une cave coopérative viticole dans un petit village de Saône-et-Loire. Douze visionnaires fédérés par le Docteur Ozanon à vouloir agir en commun. Nous sommes le 13 janvier 1931. Six mois plus tard naissait officiellement la Cave des Vignerons de Buxy.

Pourquoi ? La crise de 1929 s’étendait partout dans le monde développé de l’époque et affectait durablement le commerce de nombreux produits, vin compris. « Les vignerons de cette région rencontraient un réel problème de vente et, logiquement, un autre lié au stockage des invendus », confirme Rémi Marlin, directeur de la cave coopérative des Vignerons de Buxy (Saône-et-Loire).

L’année 1936 voit la naissance de l’appellation Montagny qui produit uniquement des vins blancs et la cave s’oriente alors vers la qualité. Sa réalité aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle du siècle dernier. Les premiers 8.000 hectolitres récoltés en 1931 laissent maintenant place à une production de 70.000 hectolitres les bonnes années, dont 60% en blanc et 40% en rouge.

La cave, présidée par François Legros, fédère 240 vignerons, dont 120 qui en vivent, et 450 propriétaires fonciers. Elle exploite en développement durable 1.150 hectares, dont bien évidemment toutes les appellations autour de Chalon-sur-Saône : Rully, Givry, Montagny, Mercurey et Côte Chalonnaise.

L’opérateur viticole dispose de 1.500 fûts de 228 litres.

« Nous produisons aussi du Mâcon-Villages sur 110 hectares, des bourgognes génériques et, ce qui se sait moins, également 18.000 hectolitres de Bourgogne Aligoté, soit le volume régional le plus important », explique Rémi Marlin.

Un imposant outil de vinification et de stockage

Les équipements industriels doivent suivre et tous les cinq ans environ la cave étend sa cuverie ou renouvelle son matériel à hauteur de 5 à 6 millions d’€. Dernier en date : 2015 avec une augmentation de capacité de 30.000 hectolitres et l’amélioration des conditions de travail (ergonomie de certains postes).

Grâce à une impressionnante capacité de stockage de 170.000 hectolitres, composée notamment d’une cave à fûts de 1.500 pièces de 228 litres et de 17 foudres de 60 hectolitres, Les Vignerons de Buxy engrangent chaque année nombre de dives bouteilles qui se vendent très bien.

Le chiffre d’affaires de 32 millions d’€, avec un effectif permanent de 42 personnes, s’éclate ainsi : 28% réalisés avec la grande distribution, 35% à l’international et 16% par la vente directe au caveau, la VPC et le commerce en ligne, qui se voit renforcé d’une boutique digitale tout juste créée et baptisée Millebuis.

L’exportation, comme la commercialisation auprès des enseignes de la grande distribution, illustrent parfaitement l’esprit coopératif. Au lieu de la jouer chacune perso, les caves se sont regroupées. Buxy et Bailly Lapierre, autre cave coopérative, dans l’Yonne, ont ainsi fondé l’an dernier La Compagnie de Burgundie.

Cette union de caves vient d’être rejoint par une autre : l’Alliance de Vignerons Bourgogne Beaujolais (AVB) qui devient associé au capital. AVB réunit les caves d’Azé, de Viré, du Château de Chenas, du Château des Loges et des Vignerons des Pierre Dorées.

La cave de Buxy est aussi un lieu prisé pour l’oenotourisme.

La Compagnie de Burgundie représente 3.200 hectares, 180.000 litres de production annuelle, 40 appellations d’origine et un chiffre d’affaires de 100 millions d’€. Elle emploie 13 personnes, dont 3 à Montréal pour prospecter en Amérique du Nord. Un volontaire international en entreprise (VIE) – tout bientôt deux – s’occupe par ailleurs du marché chinois.

« Grâce à cette nouvelle union, nous apportons une offre plus globale en vins de Bourgogne et du Beaujolais et c’est un avantage non négligeable pour faire la différence dans un secteur d’activité très concurrentiel, », ponctue le directeur.

 

Qui est Rémi Marlin ?
Ce Bourguignon de 51 ans affiche déjà au compteur la moitié de son âge passé au sein de la filière vin. Les vignobles du Beaujolais, du Mâconnais, du Languedoc-Roussillon et de la Côte Chalonnaise n’ont plus guère de secrets pour ce double diplômé de l’École des Praticiens du Commerce International (groupe Essec) et du groupe Burgundy School of Business (ex-ESC Dijon-Bourgogne), option commerce international des vins et spiritueux.
Entré en 2000 à la Cave des Vignerons de Buxy, il la dirige une année plus tard en remplacement de Roger Dageot, le premier directeur nommé, qui y a œuvré 32 ans. Rémi Marlin est aussi membre du directoire de l’Union La Compagnie de Burgondie et du bureau de l’Association Vignerons en développement Durable.
Pas de passion dévorante chez cet homme au franc parler et de commerce plus qu’agréable. Ses temps libres, il les passe en famille à découvrir le monde et apprécier ce qui l’entoure.

Article du 19/12/2016 – tracesecritesnews.fr